BLM and P.O.C. in France

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Le racisme continue d’infiltrer la plupart de nos institutions, nos dynamiques, ainsi que nos pratiques sociales. Beaucoup de ceux qui bénéficient des systèmes de suprématie blanche sont encore peu disposés à reconnaître sa présence. Cette série d’interviews met en avant l’expérience quotidienne des personnes de couleur qui sont trop souvent réduites au silence dans le discours politique. Elle expose les préjugés qui peuvent passer inaperçus pour ceux qui bénéficient du système, mais elle devrait aussi ouvrir la porte à un dialogue continu.  Daniel Jann, le pseudonyme de notre sujet, a fièrement choisi de s’exprimer tout en conservant son anonymat dans l’environnement actuel. Il espère nous éveiller aux préjugés et à la violence raciale qui existent dans le monde.

Vous habitiez où avant d’être à Reims ?  

En Guyane.

Comment ressemble le racisme dans votre pays ? Et si vous pensez avoir une identité raciale, est-ce que ça change quand vous êtres chez vous par rapport à quand vous êtes en France ? 

 Personnellement je ne pense pas que… je pense qu’il n’existe qu’une seule race : la race humaine. C’est l’esprit très français. Donc pour moi, il n’y a qu’une race humaine, et cette race se divise en ethnie. Donc, maintenant si tu me demandes à quelle ethnie je me rattache, je te dirais déjà, en termes de couleur, que je suis noire. Ensuite, je te dirais pour être beaucoup plus spécifique peut-être que j’appartiens à l’ethnie— ou au groupe culturelle— afro caraïbien. Mais pour moi effectivement les races n’existent pas.  Le fait justement d’essayer de diviser l’ensemble de l’humanité en races en se basant sur le phénotype, en se basant sur la couleur de peau ou aussi sur des caractéristiques physiques, c’est la source même du racisme. En ce sens-là on va essayer, il me semble, autour du 19ème siècle et même un peu avant, d’établir des hiérarchies justement entre ces différents groupes que l’on distingue et qu’on va essayer d’associer à ces groupes une caractéristique particulière. C’est ce qu’on a dit, par exemple, lorsque on a décidé que la race blanche est supérieure aux autres races : on a décidé de dire que les blancs étaient la race un peu « parfaite », qu’elle était la race qui se rapprochait le plus de Dieu, c’était la race de l’intelligence, qu’elle avait le monopole de l’intelligence, de la beauté, de la science, du savoir.  Au contraire, on a dit par exemple que les asiatiques, qu’on appelait à l’époque les « jaunes » étaient une race du genre travailleurs plutôt servile, dont on ne parle pas beaucoup etc.  On a dit que les noires, eux en revanche, étaient des enfants. Et juste comme ça, ils étaient les bons à être des esclaves, ils étaient malléables, corvéables à souhait. Et c’est pour ça que moi je suis absolument contre le racialisme. 

En France est ce que vous êtes d’accord qu’il y’a un racisme contre les noires/ POC—par exemple, la violence policière contre les noires ? Est-ce que vous l’avez vécu vous-même ? 

Eh bien oui. Oui, parce que—écoute déjà tous les gens qui ne sont pas blancs en France, ils sont appelés « individus racialisés », c’est donc que malgré le discours officiel d’une république universaliste qui ne reconnaît pas la distinction de couleur de peau etc., et bien, quand même dans l’esprit de gens, l’idée de race est bien ancrée et engrenée. 

Est-ce que vous pensez qu’on devrait avoir des politiques publiques qui se concentrent sur les races/ racialisés pour mieux améliorer la situation ? 

Oui, je pense qu’il faudrait des politiques de ces gens. On n’accepte pas trop cette idée justement à cause de ce principe de « color-blindness », mais je pense effectivement qu’il faut reconnaître tout simplement qu’il existe les discriminations, qu’il existe des distinctions que les individus subissent basées sur leur couleur de peau, et il faut aussi je pense éduquer les gens à ce sujet par rapport à regarder aussi l’histoire en face, apprendre des choses, et dire pourquoi on pense ça, etc.  

Et qu’en pensez-vous d’utiliser le mot race ? Pour les politiques ? 

Uhm, en parlant de ces politiques, on pourrait remplacer le terme « race » par le terme « ethnie » peut-être. On parle des peuples asiatiques, maghrébins, noires, etc.  

Comment vous percevez le rôle de la race dans votre institution ? C’est quoi votre expérience avec le racisme ? Est-ce que le fait que vous ne soyez pas blanc change votre expérience ? 

Moi, je pense qu’à Sciences Po, on dit qu’on est très cosmopolite et tout. J’observe et j’ai vraiment l’impression qu’il y a des groupes en fait qui se sont formés basés sur la couleur de peau, même de manière involontaire.  Tu sais, dans le subconscient, et bien il y a des groupes qui sont formés en fonction de leur couleur de peau.  Ça ne veut pas dire que je parle uniquement avec des asiatiques ou avec des blancs ou des noires, mais je vois bien dans les groups qui sont formés— en majorité, voilà, ça c’est un groupe noir, en majorité, ça c’est un groupe dans lequel il y a des blancs, dans lesquels il y a des asiatiques etc. Après, c’est quelque chose que j’ai vu, peut être que je me trompe.

Mais voilà, sans autrement nier le fait qu’entre “races” on se parle. Ensuite, comment ça a peut-être changé mon expérience à Sciences Po :  alors, c’est difficile de répondre à cette question parce que pour le savoir, il aurait fallu que je sois une journée dans la peau d’un blanc, une journée dans la peau d’un noir.

  Je ne sais pas trop mais après, ce que je dis c’est que je reste quand même toujours sur mes gardes vis-à-vis des choses que les gens peuvent dire etc. qui peuvent s’avérer être racistes même s’ils ne se rendent pas compte. On a eu le débat juste avant le confinement avec le mot “nègre” qu’avait utilisé le Sundial Press. Il y avait eu une grande polémique à ce sujet. Aussi je me rappelle, j’étais en cours un jour et on parlait de la colonisation et il y a quelqu’un qui a dit— un européen— qu’il avait le droit de dire que non la colonisation (je cite) c’était bien parce que les blancs ont civilisé les noirs. Tu vois.

Donc ce sont des choses comme ça qui sont profondément racistes, profondément blessantes et qui nient en fait mon humanité à moi, l’humanité de tous les noirs, qui nient aussi l’histoire commune que les peuples noirs ont. Avant même la période du commerce triangulaire, c’est-à-dire pendant l’antiquité africaine et tout, on sait qu’il y avait des royaumes, qu’il y avait des civilisations qui existaient etc. Ce sont vraiment des choses comme ça, — [il faut] toujours les surveillées, vérifiées, faire attention qu’on ne dise pas n’importe quoi. 

Pensez-vous que votre institution devrait contribuer à la discussion autour de la décolonisation ?

Hm… dans certains cas, je pense que oui. Je pense que dans certains cas, Sciences Po a un devoir de s’exprimer sur les sujets de société. Comme par exemple, on le fait avec le climat ; il me semble dans ces mails de la direction, l’administration disait qu’elle était vraiment engagée contre le réchauffement climatique et que des mesures étaient prises. Donc, je pense que oui, bien sur c’est le droit de Sciences Po. Sciences Po doit le faire parce qu’elle même, comment dirais-je, éduque les élèves de demain et donc ça passe mieux ça par la sensibilisation, par la déconstruction aussi dans ce domaine-là des préjugés. 

Et comment faire ceci concrètement ? 

Peut-être passer par des ateliers obligatoires pour parler des questions raciales, pour parler un peu de préjugés, pour parler des pensées sensibles, des choses comme l’esclavage, comme la colonisation et décolonisation, etc. mais aussi de le mettre en rapport avec des événements récents— des choses qui sont dites, qui sont faites etc. dans l’actualité récente.

Pourquoi pas poser un cours d’humanité à ce sujet— enfin, c’est bien parce que nous avons eu « Race and Inequality in the US », donc déjà ça nous permet d’aborder les questions liées à la race, à la présentation, à la peau, les conséquences que ça peut avoir dans un système d’oppression, sur les individus et sur les systèmes. Quand j’utilise « individu » : bien évidemment [je veux dire] les personnes opprimées, sans les victimiser ces personnes. Bien évidemment ces personnes sont les cibles de ce système raciste, mais aussi sur des oppresseurs et tous ceux qui, par leur couleur de peau, profitent aussi de ce système d’oppression. 

Avec la situation actuelle de BLM dans le monde, qu’en pensez-vous ? C’est quoi votre rôle personnellement ? 

Pour répondre à la première partie : en vérité, oui, je suis content, mais non pas satisfait. Je suis “content” de voir que le mouvement BLM a pris de l’ampleur, de voir que justement c’est une mondialisation des problèmes, c’est-à-dire que maintenant peu importe où on est, on se rend bien compte des atteintes aux personnes, des atteintes aux droits de l’homme qui sont faites dans un pays ou dans un autre et que justement maintenant tout le monde se sent concernés au-delà de la couleur de peau.

Maintenant, je ne me leurre pas. Je sais personnellement que ce n’est pas une fin en soi et que le combat est encore long et difficile, déjà au sujet du racisme aussi, au sujet du système, on ne peut pas balayer les quatre cents ans d’histoire et leurs conséquences en quelques semaines, ce n’est pas possible. C’est un travail long, un processus long et douloureux. Mais c’est déjà un bon début. Ça montre une volonté de changement. Mais maintenant il faut voir ce qui sera fait en réponse. 

Ensuite, mon rôle… je ne sais pas— je n’aurais pas la prétention de dire que j’ai un rôle particulier dans tout ça.  Déjà, j’ai un rôle très engagé dans l’association BLM à Sciences Po, et puis, non, je n’ai pas de rôle particulier dans tout ça.  Mais je pense que le plus important dans tout c’est d’apporter du soutien, c’est d’y réfléchir et d’en parler.

 Je pense que je contribue de manière assez minime, c’est vrai, mais je contribue de même au mouvement BLM— il y a la lutte pour l’égalité entre lesdites « races ». Sans avoir non plus un rôle hyper important, mais comme on dit tu sais : c’est chacun apporte sa pierre à l’édifice. C’est comme, par exemple, les fourmis. Je vais te raconter une histoire en fait : c’est une forêt qui est en feu et tu vois tout le monde— les éléphants, tous les gros animaux, etc.— qui vont dans le lac, cherchent de l’eau et la rejettent sur le feu afin d’essayer de l’éteindre. Et là tu vois un tout petit oiseau qui prend l’eau dans son bec et qui lui aussi va la jeter sur la flamme. Et il y a donc l’éléphant qui lui demande “mais qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu fais ça ? T’as un tout petit bec ça ne sert à rien.”  Et l’oiseau lui dit « c’est peu, mais beaucoup ». 

Prendre l’exemple de l’Afrique du Sud : on sait qu’il y a eu la colonisation, puis l’indépendance, la fin du régime de l’apartheid et Nelson Mandela est devenu président. Alors, c’est super. Il y a une première vague d’espoir. Mais aujourd’hui, ça fait vingt-six ans, il y a des noires qui dirigent le pays. C’est important mais on constate que, malgré des politiques de discrimination positives, malgré le fait que les noires dirigent le pays depuis la fin d’apartheid, et bien, on voit toujours des conséquences de cette période d’apartheid sur les populations noires. 

ENGLISH VERSION

Racism still infiltrates many institutions, social dynamics and practices. Many of those who profit from systems of white supremacy are still unwilling to acknowledge its presence. These POVs interviews shed light on the everyday experience of people of colour, too often silenced in political discourse. It exposes the prejudices that may go unseen by those benefitting from the system but should also open a door to an ongoing dialogue. Here, Daniel Jann (a pseudonym to retain his anonymity in the current environment) speaks out, alerting us to some of the prejudice and racial violence existing in the world today.

Where did you live before France?  Is that where you grew up?

Daniel Jann: In French Guiana.

In what form is racism present in your country?  How did you react to it there? In France?

Personally, I don’t think that there is “one race— the human race”. It’s the very French mindset— that divides this race up into ethnicities. So, if now you’re asking me with which ethnicity I identify, I would say, in terms of color, that I am Black. To be more specific, I’d maybe say I belong to the Afro-Caribbean ethnicity/ cultural group. But for me, races effectively do not exist.

The very idea of trying to divide up the whole of humanity into races via the basis of phenotypes, the basis of color of skin or also of physical characteristics is the source of racism itself.  In this sense, people indeed have tried.  It’s what has made it so that, around the 19th century and even a bit before, there were attempts to establish hierarchies that precisely distinguished between these different groups and tried to attribute a particular characteristic to each.

For example, when whites “decided” their race was “superior” to all other races, they decided to say whites were the somewhat perfect race and whites were the race closest to God.  It was the race of intelligence that had monopoly over intelligence, over beauty, over science, over knowledge. In contrast, it was said that, for example, Asians called “yellows” at the time were a race of a worker’s type, rather slavish, which wasn’t much spoken about. People said blacks, on the other hand, were children. And just like that, they were the best fit to be slaves – malleable, subject to subjugation and exploitation. And that’s why I am absolutely against racialism.

Have you witnessed and/or experienced racism against Blacks/People of color in France?  Police violence against either?

Yes… Yes, because for every person in France that isn’t white, they are called “racialized individuals”. Therefore, despite the official rhetoric of a universalist republic that doesn’t recognize distinction of color of skin etc., the idea of race is nonetheless well anchored and engrained within the mindset of people.

Do you believe there should be public policies focussed on race if they are intended to improve the situation?

Yes, I believe there should be policies focused on these people. We don’t really accept this idea precisely because of this principle of color-blindness. But I think obviously that there needs to be a simple recognition of the existence of discrimination, of the existence of distinctions that individuals undergo due to the color of their skin, and I believe that we need to educate people in regards to being able to face history, to learn new things, to learn why we think certain things.

And what about the word race – for policies?

Discussing these policies, we could maybe replace the term “race” with the term “ethnicity”, touching upon people that’re Asian, Maghreb, Black.

How do you perceive race at your university? What has been your personal experience?

At Sciences Po, we say we’re very cosmopolitan and all, but… I have the impression there are, in fact, groups formed based on skin-color, even if done unintentionallyAnd I’m not only talking about Asians or whites or blacks forming a majority. “Here, we say this is a black group.  In terms of majority, this is a group of whites, of Asians, etc.” Granted, this is something that I’ve seen. Maybe I’m wrong—without neglecting the fact that we interact between “races”.

Then, it’s difficult to say how this might’ve changed my experience at Sciences Po because I would’ve had to have experienced one day in the white’s shoes, one day in the black’s. I don’t really know but, what I’ll say is, I keep my guard up in regard to what people might say, etc. We had the debate just before confinement on the use of word “ni**er” by the Sundial Press [the student run newspaper at Sciences Po]. There was huge controversy on the subject. I also remember that I was in class one day, and we were talking about colonization and there someone— a European— said that he had the right to say, and I quote, “Colonization was good because the whites civilized the Blacks”.

You see. So, things like this are profoundly racist, profoundly offensive and, in fact, negate my own humanity and the humanity of all Blacks.  They also negate the common history that all Black people hold.  We know that there were kingdoms, that there were civilizations, etc. during African antiquity and all well before the period of the Triangular Trade.  So, it’s really comments like this that need to always be considered and fact-checked, to make sure that people aren’t saying complete nonsense.

Should both students and faculty at your university, be held responsibility to take positive action?

Hmm… in some cases, I think yes. I think that in certain instances, Sciences Po has the obligation to speak up on the subjects that touch our society same as we do for the environment.  In one of its “direction” emails, I believe the administration has said that it stands against global warming and measures were being taken by the school . So, yes, I think it is the Sciences Po’s obligation. Sciences Po has to speak up because, how do I say… the institution itself educates the students of tomorrow and so, by deconstructing this very domain of prejudices and stuff like that, it’s better for raising awareness.

And how do we concretely do this?

Maybe we must try though some obligatory workshops to talk about race-based issues, to talk a bit about prejudices, to talk about sensitive thoughts and subjects, such as slavery, subjects such as colonization and decolonization to put it in relation to recent events and things that are said about what’s done, etc. in current events. Why not put in place a humanities course on this subject?  If we even had a course entitled Race & Equality in the U.S., it would at least enable us to touch upon questions linked to race, in terms of representation, skin and the consequences it could have on individuals, and on systems in a state of oppression, . When I say “individual”: of course I am referring to oppressed people, without victimizing these people.  Obviously, these people are targets not just of the racist system, but also of the oppressors and all those that profit from the color of their skin by such oppression.

Are you encouraged by BLM’s emerging visibility? Do you envision a personal role role?

In response to the first part, truth be told, yes, I’m glad, but not satisfied. But I am “glad” to see that the BLM movement has taken magnitude, to precisely see that there is a  globalization of these problems, meaning that now, no matter where we be, we’re able to be well aware of the attacks on people, the attacks on human rights that are committed in one country or another… Now, everybody is concerned, well beyond the color of one’s skin.

But I don’t kid myself. I know personally it is not an end in itself and that the fight is still long and hard both with racism and also the system itself.  In merely a few weeks, we cannot sweep away four-hundred years of history and the consequences these years have had.  It’s not possible. It is a long job, a long and painful process. But still, it is a good start. It has shown a will for change. Now we’ll have to see what’ll be done in response.

And then, my role. I don’t know.  I wouldn’t have the pretension to say I have a particular role in all of this. Although I am heavily involved in BLM Sciences Po, I don’t have a particular role. But I think the most important thing in all of this [movement] is to bring about support. To think and to discuss. It’s true that I contribute in a way that’s fairly minimal but I still do contribute to the movement BLM. There is the fight for equality between the said “races”. Without necessarily having a super important role, but it’s as they say: “everyone brings a stone to the building”[1]. It’s like the example of ants. Actually, I’m going to tell you a story. There’s a forest that’s on fire and you see everybody— the elephants, and all the large animals— go in the lake, search for water and splash it onto the fire in order to try to put it out. And you see a tiny little bird carry some water out with its beak, and you see that he’s also going to try put out the flames. And so, the elephant that asks him “what’re you doing? Why’re you doing that? Your tiny little beak doesn’t help anything.” And the bird says, “it may seem a little but means a lot”.

Take the example of South Africa: we know that there was colonization, then independence, the end of the apartheid regime, and Nelson Mandela became President. So, that’s great. There’s the first wave of hope. But today, it’s been twenty-six years, and there are blacks that run the country. It’s significant, but one realizes that despite the politics of positive discrimination (affirmative action), despite the fact that blacks have been in charge of running the country since the end of apartheid, we still see the consequences of the apartheid period on the black populations.

[1] French expression

About the Article

A firsthand reflection on racism in France and French Guiana.

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